Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
SABOOKINE
27 octobre 2014

Madame Bovary de Gustave Flaubert

Madame Bovary - Flaubert

 

Je me souviens encore le moment où l'intérêt pour ce livre a jailli en moi. Rien de très passionnant dans le fond, je me revois simplement assise à ma table de classe et devant moi sur l'estrade un homme battant des bras en faisant son récit. Evidemment, le responsable de cette apparition, presque divine, n'était autre que mon prof de français de seconde, un passionné, le genre d'homme qui vous fait aimer n'importe quelle chose que vous détestez. J'ai donc acheté le livre, je l'ai laissé dans un coin et il a attendu patiemment que je daigne m'intéresser à lui. Vous l'avez compris, des années ce sont écoulées et je ne m'étais encore jamais lancée dans l'histoire de la vie de Madame Bovary. Puis, comme je le soulignais dans ma dernière critique, l'amour de la lecture étant revenu au galop, je me suis enfin décidée, j'ai attrapé le livre sur l'étagère, j'y ai enlevé la poussière et j'ai commencé les premières pages du célèbre roman de Flaubert.

 

Alors, il va de soi que le réalisme ne séduit pas tout le monde. De mon côté, étant une inconditionnelle de Zola, Flaubert avait tout autant de chance de me séduire. Et, il y est arrivé. Parfois, au cours de ma lecture, je me demandais pourtant ce qui pouvait bien me pousser à dévorer les pages alors que certaines sont ponctuées de longues descriptions interminables fidèles à tout auteur réaliste. Pour être honnête, je pense que le cerveau décroche dans ces moments-là, seuls les yeux lisent mais les mots ne parviennent pas toujours à trouver leur sens. La difficulté réside également au niveau du langage, il n'est pas toujours évident de réussir à imaginer ce que l'auteur essaye de vous faire voir lorsque certains mots ont disparu du vocabulaire depuis des années.

 

Mais le plus enivrant dans le réalisme, c'est le fait de rentrer dans la vie des gens, une sorte de voyeurisme si cher à la race humaine. Le lecteur peut alors entrer dans la quête du bonheur de Madame Bovary, il peut cibler son caractère et voir à travers sa condescendance. Au fil des pages, une intimité forcée, bien qu'elle soit unilatérale, s'est créée entre le personnage et le lecteur. On passe par différents stades: on la plaint, on a envie qu'elle se laisse porter par ses ardeurs les plus profondes, qu'elle laisse exprimer ses sentiments au grand jour, et quand elle y arrive, on voudrait lui dire de se taire, que c'est trop, qu'elle va faire fuir celui qu'elle aime. Au final, ce sont ses sentiments eux-mêmes qui vont l'envahir et la détruire. Dans une dépression perpétuelle, à la moindre étincelle de bonheur, elle éclate, elle en devient presque folle. Et lorsqu'elle succombe à sa folie, la force descriptive et l'intimité créée deviennent presque trop lourdes à porter pour le lecteur. En ce qui me concerne, les dernières pages ne m'ont pas laissées indifférente et ont une tendance nette à nouer l'estomac des âmes les plus sensibles (peut-être pas quand même, c'est exagéré ! diront certains)

 

Madame Bovary fait parti des classiques littéraires, n'importe qui s'adonnant au plaisir de la lecture devrait être passé par cette étape, ne serait-ce que pour imaginer la bombe lancée en 1857 par son auteur. Avec cet ouvrage, Flaubert a servi sur un plateau des thèmes plus qu'audacieux pour l'époque comme l'infidélité, le suicide ou encore l'opposition religion-science (ne manquant pas de citer Voltaire), tout en donnant vie à une femme aux aspirations autres que de répondre à ses devoirs d'épouse et de construire sa parfaite petite famille. Même si je pense avoir une préférence pour le style de Zola, Flaubert m'a convaincue et je ne regrette en aucun cas d'avoir enfin sauté le pas. Il ne reste plus qu'à se laisser tenter par d'autres de ses œuvres et en découvrir un peu plus sur cet auteur autant contesté à l'époque qu'il est de nos jours admiré.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
SABOOKINE
Publicité
Archives
Publicité